Entreprise avec un supplément d’âme, possible en France ?

Ils m’épatent ces américains ! Là où l’entreprise française ouvre à peine ses portes à la méditation et à quelques notions de développement personnel soigneusement appuyées sur les neurosciences, les américains, eux y vont allègrement ! Voici ce que j’ai découvert dans un article du New York Times*.

Saviez-vous qu’il existe une Harvard Divinity School où l’on forme des consultants spirituels, des consultants sacrés, des designers de rituels ?

Cela paraît aberrant chez nous où ces expressions, une fois traduites, ont l’air tout droit sorties de la tête d’un illuminé. Je n’arrive même pas à traduire Harvard Divinity School : L’école Harvard de la Divinité ? L’école divine ? Fac de divinité ? Comment cela peut-il résonner dans un pays comme la France qui revendique chèrement sa laïcité ? Dans un pays où spiritualité est presque un gros mot, en tous cas à prendre avec beaucoup de pincettes en entreprise ?

Mais eux, les américains, avec toujours un train d’avance sur la vieille Europe concernant les tendances, ils y vont gaiement, appuyant leur offre sur de soigneuses études et surtout, comme seuls les américains savent le faire, sur un modèle économique.

À la Harvard Divinity School, les chercheurs étudient la tendance à s’éloigner de la religion que l’on constate depuis des décennies. Ils arrivent à la conclusion, que si la fréquentation des lieux de culte est à un niveau historiquement bas, les gens n’en sont pas moins à la recherche de sens et de spiritualité. Ces « innovateurs spirituels » s’adressent à ceux d’entre eux qui passent leur journée dans un monde du travail dépourvu d’âme.

Le Sacred Design Lab* (encore une fois difficile à traduire : laboratoire de design sacré ?), crée des ‘designs sacrés’ pour des entreprises comme Pinterest, IDEO ou la Fondation Obama : recherches, rituels… Mme Phillips, l’une des trois associés, ne voit pas les entreprises remplacer la religion, mais procurer aux collaborateurs une partie du sens qu’ils avaient l’habitude de tirer des lieux de culte.

Introduire des éléments de spiritualité au bureau n’est pas sans risque. Tout d’abord, de nombreux collaborateurs ont déjà une pratique spirituelle ou religieuse en dehors du travail et n’ont pas forcément envie d’en rajouter entre 9 et 17. Difficile aussi d’être en communion profonde avec un collaborateur qu’on a le pouvoir de licencier… Sans parler des possibles dérives : créer une nouvelle religion liée au lieu de travail, mélanger gestion et empathie, voir émerger encore plus de gurus à col blanc, faire payer la spiritualité…

Bref, spiritualité au boulot, c’est sans doute un peu tôt, mais introduire éthique dans les comportements et dans le discours institutionnel et commercial, c’est déjà pas mal.

A la publication de cet article du New York Times* j’ai noté ces deux commentaires sur Linkedin :

Celui de Daniel Truran

« Ma vie et mes interactions avec les plus grands influenceurs du monde des affaires sont en fait inspirées par ma religion : je suis baha’i. Je confirme que le besoin d’inspiration spirituelle à une époque de profonde complexité n’a jamais été aussi élevé. » soul.com

Celui de Rowan Hordjik

« En tant qu’anthropologue d’entreprise, j’observe également ce développement dans nos organisations. Les gens sont des créatures sensibles et les sujets autour des rituels ou de l’appartenance aident assurément à façonner et structurer le monde qui nous entoure, et ce d’autant plus en temps de chaos ! » #morehumaninterest

Pour ma part, je pense que chaque individu, au boulot comme dans la vie, est un être spirituel, une âme comme dirait M dans cette sublime chanson Lamomali. Alors je gage que les entreprises avec un supplément d’âme feront bientôt la différence.

Je vous laisse sur cette magnifique chanson. A suivre…

Marie Edery

*L’article du New York Times : God Is Dead. So Is the Office. These People Want to Save Both

Recevoir des actualités de Soul Games

Nous n’envoyons pas de messages indésirables !